Interview de Cyril Cointre et Clément Latour (10/1/2006) Partis de Mormoiron en avril 2005, Cyril Cointre et Clément Latour se sont lancés à la conquête d'un tour du monde à vélo, qu'ils devraient boucler en mai 2007. Après l'ascension du Mont Blanc puis du Mont Blanc de Courmayeur, en Italie, les deux aventuriers ont mis le cap sur Athènes et le Mont Olympe avant de s'engager en Egypte et de poursuivre leur route sur le sol africain puis sud-américain. Après le Chili et l'Argentine en janvier-février, Cyril Cointre et Clément Latour s'attaqueront ce mois-ci à la Bolivie. Leur tour du monde
est à suivre sur
www.lestoitsdumondeavelo.com.Comment s'est effectuée la traversée de l'Argentine ?"Après un court séjour dans la capitale, nous avons rejoint Mendoza (1200 km) à travers la Pampa. Route plate, sans grands attraits si ce n'est les moulins à vent et les quelques gauchos. Ensuite vint la Majestueuse Cordillère (enfin de la montagne !) jusqu'à Puente
Del Inca, point de départ de l'Aconcagua."
La traversée est longue, les lignes droites à n'en plus finir, c'est supportable ?"On a connu bien pire avec le désert égyptien. Dans ces cas-là, on prend notre mal en patience en attendant des jours meilleurs... On ne va tout de même pas se plaindre !"
Qu'est ce qui vous a surpris de ce pays ?"Contrairement à certains de ses pays voisins, comme le Pérou et la Bolivie, il ne reste quasiment plus d'indiens originels en Argentine, si bien qu'on pourrait se croire en Espagne. On s'est aussi essayé à la danse nationale, le tango, et nous sommes goinfres de véritables banquets gaulois : la viande est ici très bon marché."
L'Aconcagua, mythe ou réalité ?Plutôt mythe : des centaines de grimpeurs y viennent chaque année tenter leur chance si bien que le gouvernement a créé un coûteux Parc National. Les camps de base sont de véritables villes avec hôtels, restos, téléphone, Internet (ils se vantent d'ailleurs d'avoir la plus haute webcam du monde !). Drôle de montagne ! Malgré ce 'confort', les porteurs et les hélicoptères, la montagne reste imprévisible et fait chaque année de nombreuses victimes..."
Vous êtes-vous adaptés à l'altitude ?"Fred, un guide francais rencontré à Mendoza, nous a fait un plan minimum d'acclimatation. Nous devons monter progressivement et faire des aller-retours 'acclimatisants'. On fait l'ascenceur ! C'est surtout la nuit que l'altitude nous gêne : réveils en sursaut avec la sensation d'étouffer..."
Vous avez échangé les vélos contre des mules ? Aviez-vous un guide ?"Au contraire, se refusant à en louer une comme tout le monde, c'est nous qui étions chargés comme des mules ! Pplus de 30 kg, sans guide."
Comment s'est effectuée la montée ?"Nous avons respecté le plan de Fred jusqu'à Nid-de-Condor (5400 mètres). Mais avec
nos réserves insuffisantes et notre tente minuscule, nous avons decidé de faire l'impasse sur le dernier camp : Berlin (5900 mètres). Le 13 février, nous sommes partis à 5 heures du matin par - 20 degrés ! Nous avons repris rapidement (trop ?) le 'peloton'. A 6400 mètres, il nous a fallu mettre les crampons car la pente s'accentuait (neige, glace). Le Mal des montagnes a commencé serieusement à se faire sentir et, partis sur la plaque, nous avons dû nous arrêter un long moment au pied de la Canaleta (6700-6962 mètres) pour recuperer et nous ravitailler. Nous avons fini par repartir et nous sommes parvenus à rejoindre les 'échappés'... Victoire ! La Marseilleise a retenti sur le Toit des Ameriques !"
Rencontrez-vous d'autres Frenchies ?"Il y en a pas mal, mais il y a aussi beaucoup d'Anglais, d'Americains, de Bulgares, d'Israéliens... La palme des aventuriers revient aux Allemands, que l'on croise partout, aussi bien à vélo qu'en montagne."
Etes-vous allés au cimetière des Andinistes ? "Oui, à Puente del Inca, nous nous sommes rendus à ce cimetière dédié aux victimes de l'Aconcagua (et il y a du monde !). Nous avons fait une offrande a l'Apachamama afin de ne pas s y retrouver..."
Quelles sont maintenant les prochaines étapes ?"Actuellement, nous remontons le Chili (plus de 2500 kilomètres), où nous allons tenter de gravir le deuxième plus haut sommet des Ameriques, l'Ojos del Salado (6870 mètres). Ensuite, nous continuerons vers le nord avec la Bolivie, le Pérou... avant de s'envoler pour l'Australie, si tout va bien."
Comment vont les vélos ?"Comme nous, les vélos tiennent le coup. Aucune casse sérieuse mis a part les innombrables pneus, chambres à air et quelques rayons. On a du bon materiel !"
Vous roulez aussi sur Scott, un mot pour le team Scott-Vélo 101 ?"Bonne saison à nos amis du Ventoux. Si l'un d'entre vous a besoin d'un stage d'oxygénation, les Toits du Monde A Vélo vous attendent sur l'Altiplano."
Propos recueillis le 5 mars 2006.
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