Papouasie Nouvelle Guinee

La Papouasie Nouvelle Guinee (PNG), bien que frontaliere avec l Asie, fait partie integrante du continent Oceanien.
Sa culture, contrairement a la Papouasie indonesienne, est fortement tournee vers l Australie, le "moteur de la region", dont ils suivent avec assiduite les competitions de Rugby Ligue, aussi sport national ici!
Neanmoins, par rapport a ses voisins plus riches et "prestigieux", PNG est un pays a part, quelque peu isole du monde... En dehors des principales villes ou les plus fortunes peuvent "zapper" sur la seule chaine de tv du pays, les gens n ont pas l electricite et vivent le plus souvent en autarcie, subsistant grace a leurs maigres cultures et a l abondance de fruits. L argent est alors une “denree rare” voir inutile car il n y a tout simplement rien a acheter.
Une infrastructure routiere tres peu developee dans un environnement parseme de montagnes et de jungle rend les deplacements difficiles et onereux car l avion est incroyablement cher et les bateaux deviennent alors l unique solution pour aller d une ville a l autre mais ils se font rares...
Bref, si l on veut se deplacer rapidement et que l on prevoit de dormir a l hotel (hors de prix compare a la nourriture!), il faut prevoir un budget consequent.
Ajoutez y les maladies tropicales plutot rependues et une insecurite croissante dans certains endroits et vous obtenez l un des pays les moins touristiques au monde.
Pas forcement pour nous deplaire car les habitants y conservent un "naturel" etonnant (presque "animal") qui les rend a nos yeux uniques et imprevisibles...
Point positif non negligeable: il est possible de communiquer avec ces "phenomenes" assez facilement car meme s ils ont une langue nationale: le "Pigin", la plupart d entre eux parlent le language oceanien: l anglais.


Arrives depuis Jayapura, en Papouasie "asiatique" nous passons une nuit a la frontiere avec les militaires, ayant ete une fois de plus "pris" par le decalage horaire... Nous rejoignons le lendemain Vanimo, petite ville en bord de mer ou nous sommes desuite surpris par les gens, tous "noirs", ressemblant a s y meprendre a des Africains ou plutot aux Aborigenes d Australie.



Immediatement "refroidis" par le prix exhorbitant des hotels, nous installons nos hamacs au bord de l ocean mais a notre grande surprise, ne tardons pas a nous faire inviter par Trevor chez qui nous "squattons" le canape. Coup de chance, nous embarquons le lendemain sur le bateau reliant Madang au coeur du pays sans quoi il aurait fallu attendre 15 jours le prochain car il n existe aucune route…

Deux jours sur une petite “bicoque” surchargee a longer la cote et s arreter dans des lieux isoles de tout et nous voici a Madang, une des plus grandes villes du pays. Nous prenons nos "appartements” 3-4 jours sur une petite ile a l ecart du centre ou nous trouvons une guest house au bord de l eau, sans electricite mais pas tres chere.



Nous y preparons notre itineraire vers l objectif : le Toit d Oceanie (pas vraiment le choix au niveau des routes!).
Des le premier jour, nous entrons dans le “vif du sujet” avec une piste defoncee qui ne cesse de monter et descendre avec des pourcentages “vertigineux”!
17, 18, 20%, voila le genre de panneaux “terrifiants” nous annoncant les difficultees qui s enchainent, le tout sur de la caillasse ou il n y a souvent qu une mince trace praticable! Une sacree partie de manivelles pour passer a velo, ruisselant de sueur et parfois aveugles par les nuages de poussieres provoques par les camions.
Clement, le “roi de la crevaison” decide alors de reprendre du service et de belle maniere puisqu il vide son stock de chambre a air en l espace de quelques km, une belle "performance”!

Toujours pas de ville a l horizon, on finit par “echouer” dans un petit village et demander l hospitalite. Nos “amis” ne se font pas prier et nous installent dans une cabanne ou nous deployons nos hamacs, surplombes de moustiquaires. Tres vite les enfants du village viennent voir ces droles d “extraterrestres” a la peau blanche, debarques chez eux avec des Engins Roulants Non Identifies… Pour manger nous n avons pas le choix et devons nous en remettre a nos hotes. Un homme va chercher des legumes, un autre des bananes tandis que les femmes font du feu pour faire cuire le tout...




On entre de “plein fouet” dans la realite du pays ou nos habitudes vont etre quelque peu bousculees puisque nous passons la majeure partie de nos nuits dans des lieux comme celui ci (cabanes de campagne, eglises, postes de police…), soumis au bon vouloir de nos “familles d acceuil” .
Les repas "sains" ne varient guere et nous devons boire l eau de pluie ou de la riviere, comme tout le monde! Une superbe experience et des rencontres inoubliables.

Nous remercions chaleureusement nos amis a qui nous laissons nous aussi un souvenir imperissable et reprenons la route avec la seconde moitie de cette piste infernale, pourtant la route principale entre 2 des plus grandes villes du pays.
C est avec soulagement que nous (et surtout Clement qui n avait plus droit a l erreur) retrouvons le goudron meme si les difficultes ne s arretent pas pour autant, loin de la…

La seule journee plus ou moins plate, nous avons droit a un vent de face de “force 4” pour nous contrer, plus de doute: PNG ne se laissera pas “dompter” facilement...
Nous enchainons ensuite avec le Kassan Pass, un terrible col digne du Tour de France, pour s elever vers l interieur et les highlands.
Apres une petite semaine, nous sommes deja bien “entammes “ et nous octroyons 2 jours de repos a Goroka, la “ville des hautes terres”, ou nous assistons par hasard au championnat national de boxe ou sont designes les futurs representants pour les jeux oceaniens… Seuls blancs dans la sale, on va passer pour des "superviseurs" internationaux!

Nous poursuivons sur ces hauts plateaux avec a nouveau un col redoutable: le Daulo Pass (2500m ) avant de redescendre vers Kundiawa, derniere ville avant de quitter cette route dangereuse ou l on nous predisait des “hold ups” au quotidien…
Psychose encore une fois; mis a part quelques individus bizarres (Clement a tout de meme recu un sabre ), les gens sont en general tres acceuillants et enthousiastes sur le bord de la route. Leurs encouragements tournent meme parfois a l hysterie car en dehors des principales villes, ils ne voient quasiment jamais de blancs, alors avec des velos…
A chaque arret en zone habitee, c est l atroupement en quelques minutes car tout le monde veut voir ou toucher ces droles d energumenes! De veritables bains de foules faisant chaud au coeur mais necessitant parfois l intervention de la police pour en sortir! C est bien la premiere fois que ca nous arrive, jamais on a senti les gens autant admiratifs!

Nous finissons en "apotheose" ce court mais eprouvant periple depuis la mer jusqu au Toit d Oceanie par a nouveau une piste completement pourrie, a peine pratiquable en 4x4. Eau jusqu aux genoux, ravines, un "champ de mines" agremente de quelques rampes sans panneau mais aux pourcentages encore plus “titanesques” ou Clement va devoir se resoudre a pousser quelques fois alors que Cyril va s arracher pour eviter cet “affront” de justesse.
Une nuit de repos sera necessaire pour relier Kergesoul, petit village au pied de la montagne. Dans la derniere portion, Clement commet ”la crevaison de trop” et doit pousser un long moment en attente de la chambre a air que lui fait parvenir son compere… Nous logeons cette fois dans une petite guest house pour reprendre nos forces et laisser nos baggages .






Cyril decide de pousser le bouchon encore plus loin en relevant un defi que lui lance le patron de l hotel: monter le velo jusqu au sommet!
Le lendemain c est donc a velo qu il s elance en compagnie de Clement, a pied (pas fou!). L option se revele etre “ la bonne” durant… 2 km! La piste disparait alors pour laisser la place a un sentier etroit a travers la jungle, synonime de grosses galeres pour Cyril car son velo ne va cesser de s accrocher un peu partout (racines, branches…) si bien qu il doit constament changer d epaule, se baisser, marcher en “pas chasses” pour faire passer son “encombrant" compagnon.
Malgre tout, les pieds dans l eau car c est plutot humide a la sortie de la foret, on arrive au premier lac (le lac femelle comme ils l appellent) ou nous installons la tente pour la nuit. A 3500 m, les temperatures sont beaucoup plus supportables…
Le deuxieme jour, après un nouveau rationnement : corned beef et biscuits sales (pas tres energetique tout ca mais y a rien d autre!), nous partons a l assaut du Mt Wilhem.

Pour Cyril qui se trimbale toujours son velo, c est a nouveau une "partie de plaisir" puisque le terrain se prete ”parfaitement” a la bicyclette!!! Tu parles, c est bien pire que la veille, impossible meme de pousser le velo car certains passages s apparentent plus a de l escalade qu a un circuit VTT!
C est officiel, le velo n a rien a faire ici, mais tout un jurant que l on ne l y reprendra plus a faire le "zouave", il ne se decourage pas pour autant meme si le sommet tarde a montrer le bout de son nez!
Après 3h45 de cheminement difficile au milieu de paysages splendides malgre la grisaille, nous sommes sur le Toit d Oceanie, 4509 m!!!

Cyril:joker:, le dos en compote en ayant hisse son fardeau jusque la haut, realise probablement une premiere en ayant accompli toute la route depuis le niveau de la mer (Madang) jusqu au point culminant du pays et du continent, soit les 4509 m de denivele avec le velo!!!





On reste un bon moment au sommet, non par pour profiter de la vue car encore une fois, c est “bouche”, mais pour grignoter les “fonds de tiroir” et faire quelques photos. Car c est pas fini, si “normalement” la descente n est qu une “formalite”, avec un velo c est une toute autre histoire et cela aurait pu mal tourner car nous perdons la trace dans le brouillard pendant plus d une heure…
Heureusement, une eclaircie nous permet de nous remettre sur les “bons rails” et malgre l hypoglicemie encore au rendez vous (decidement c est une habitude!), on parvient en bas en un seul morceau ce qui n est pas le cas du velo qui a connu quelques casses a la descente….

Mis a part la piste du debut, Cyril aura fait en tout et pour tout 500-600 m sur le velo pour pas loin de 10 h de portage!
Parole de raideur et de moniteur VTT : "une sacree connerie"!

Mais de retour au village, il faut voir l incredulite des guides et autres habitants qui ne voudront pas y croire avant d'avoir vu les photos (on leur en envoie meme quelques unes pour “officialiser” la chose !).



L obectif “brillamment” rempli, nous faisons tout le chemin parcouru en sens inverse pour revenir en Asie, cette fois “rapido” en enchainant bus et bateaux.
Mais avant de partir, notre chere Papouasie Nouvelle Guinee va nous faire un drole de cadeau d adieu…
Ce n etait pas une legende, les cannibales existent bel et bien dans ce pays mais ont une forme differente de celle qu on s imagine!!!
Bien moins imposants mais tout aussi dangereux, on veut bien sur parler des Moustiques:
Nous avons tous les 2 attrape le Paludisme!
La “marmite” bouillant a plus de 40 degres, assaisone d un mal de crane, des frissons et autres vomissements, ces bestioles ont cru pouvoir nous devorer sans resistance…



Meme si on a ete vraiment mal en point pendant quelques jours et sommes encore bien fatigues par cette “saloperie”, il faudra un peu plus d une poignee d insectes infectes pour arreter les toits du monde a velo!!!

Malgre ce “coup dur” de derniere minute, aucun regret d avoir "ose" s adventurer dans ce drole de pays ou les quelques touristes rencontres, essentielement dans les villes et pour la plupart accompagnes d un guide local, se comptent sur les doigts de la main.
Peut etre pour la premiere fois, on s est veritablement sentis “hors des sentiers battus” , ici en PNG!



Apres un 4 eme succes pour autant de continents, nos regards peuvent desormais se tourner definitivement vers la derniere etape : l Asie et le Toit du monde!!!

Papouasie Nouvelle Guinee: 718 km ; 1 mois; Mt Wilhem 4509m
Oceanie: 2038km; 2 mois; Mt Wilhem 4509m
Distance totale: 18650km