Interview de Cyril Cointre et Clément Latour (10/1/2006)© Vélo 101 Partis de Mormoiron en avril dernier, Cyril Cointre et Clément Latour se sont lancés à la conquête d'un tour du monde à vélo, qu'ils devraient boucler en mai 2007. Après l'ascension du Mont Blanc puis du Mont Blanc de Courmayeur, en Italie, les deux aventuriers ont mis le cap sur Athènes et le Mont Olympe avant de s'engager en Egypte et de poursuivre leur route sur le sol africain. Malheureusement, les deux Vauclusiens ont dû zapper le Madagascar après le vol de leurs vélos aux Comores. Après leur périple africain, Cyril et Clément ont débarqué en Amérique du Sud pour la poursuite de leur challenge.
Leur tour du monde est à suivre sur
www.lestoitsdumondeavelo.com.Qu'en est-il de vos vélos, volés aux Comores ? Ont-ils été retrouvés ?"Nous sommes très chanceux, la police comorienne a finalement retrouvé nos vélos. Par contre, ils ne voulaient pas nous les acheminer sans contrepartie ("backshich") à Johannesburg... Heureusement, le consul de France aux Comores a pris les choses en main et nous les a fait parvenir après plus d'un mois d'attente. On s'en sort avec quelques réparations et le vélo de Clément repeint en noir !"
Qu'est-ce que ce vol a entraîné pour vous ?"Sur le coup, on a bien sûr été un peu abattus car il est très difficile de trouver des 'vélos de randonnée' ni même de bons VTT en Afrique. Inévitablement, cela a bouleversé notre itinéraire et nous avons dû faire une croix sur Madagascar... A la place, nous sommes retournés au pays en nous rendant à Mayotte, d'où nous avons été invités à la Diagonale des Fous, à la Réunion. Nous y avons séjourné trois semaines, à chercher une solution pour les vélos (et à visiter !) avant de rejoindre l'Afrique du Sud."
Après ce vol, avez-vous pensé tout arrêter ?"Bien sûr que non ! Même si on était un peu déboussolés, nous avons tout fait pour retrouver nos vélos. On a placardé des affiches de recherche dans tous les commissariats, le port et l'aéroport de l'île de Grande Comore... L'attente a été longue mais même s'ils n'avaient pas été retrouvés, nous nous serions fait parvenir de nouveaux vélos de France."
Comment faites-vous financièrement ?"Notre entêtement à chercher des bateaux imaginaires pour finalement s'enfuir du Soudan en pleine émeute, le vol malencontreux des vélos et l'Afrique se révélant être plus chère que prévu (parcs nationaux...) ont amputé sérieusement notre budget... A ce rythme là, encore quelques mois et nous serons sur la paille ! Il va certainement nous falloir travailler, et si de nouveaux partenaires souhaitent nous rejoindre..."
Vous avez fait la Diagonale des Fous, comment ça s'est passé ?"N'ayant plus de vélos et étant de fervents amateurs de courses nature (raids multisports, trail, VTT...), la traversée de l'île à pied (150 kilomètres à travers les montagnes et 8500 mètres de dénivelé positif !) représentait pour nous un fabuleux challenge. Malgré notre bonne forme, nous avons beaucoup souffert car nous n'étions plus habitués aux efforts spécifiques de la course a pied. Plus qu'une course, il s'agit d'une véritable aventure où les moments forts et les défaillances se succèdent le jour comme la nuit à travers des paysages spectaculaires. Nous avons survécu à cette épreuve en nous classant 23ème (Cyril) et 381ème (Clément) parmi plus de 2000 participants."
Que garderez-vous de l'Afrique ?"Nous divisons en trois parties distinctes notre descente de l'Afrique. Le Moyen Orient (Egypte, Soudan, Arabie Saoudite) avec les paysages désertiques, la chaleur étouffante et l'omniprésence de l'Islam dans la société nous ont parfois été difficiles a supporter. Ce n'est pas réellement un paradis pour le cyclisme mais ce fut une bonne expérience. L'Afrique centre-est (Kenya, Tanzanie, Comores) a été beaucoup plus vert. Nous y avons rencontré la faune sauvage la plus variée au monde avec lions, éléphants, zèbres, et nous avons retrouvé les montagnes avec l'ascension technique du Mont Kenya (5199 mètres) et du toit de l'Afrique, le Kilimanjaro (5895 mètres). La région se prête beaucoup mieux au vélo, si on excepte ces satanés moustiques qui transmettent le paludisme... Enfin, il y a l'Afrique du Sud. Le pays, meurtri de par sa récente histoire (Apartheid), est néanmoins magnifique avec ses paysages sauvages, ses plages de surf renommées dans le monde entier et une faune tout aussi surprenante... On en retiendra tout de même de gros problèmes de racisme et de sécurité ainsi que la difficulté du terrible col du Sani Pass (2850 mètres) avec ses lacets à plus de 20 %, qui fut une 'partie de plaisir' avec nos 40 kg de bagages !"
Quel est l'état de l'Internet en Afrique ?"Certains pays comme l'Egypte ou le Kenya sont bien pourvus à ce niveau là tandis que d'autres, comme le Soudan et l'Afrique du Sud, sont très en retard. On ne peut se connecter que dans les grandes villes."
Avez-vous reçu des cadeaux pour Noël ?"Pour Noël, nous avons partagé le repas d'une famille sud-africaine et nous nous sommes offerts un cadeau original : le plus haut saut à l'élastique au monde du haut du pont de Bloukrans et de ses 216 mètres de hauteur !"
Que souhaitez-vous pour cette nouvelle année ?"Connaître moins de galères en Amérique du Sud et gagner au loto !"
Que faut-il vous souhaiter pour cette nouvelle année ?"Bien sûr, la santé, réussir notre projet audacieux et surtout de se faire plaisir !"
Vous arrivez en Amérique du sud, quels sont vos premiers sentiments ?"Les gens parlent une 'drôle de langue'. Va falloir s'y mettre ! Et nous avons cette fois la coupe de cheveux à la mode !"
Vous êtes dans l'hémisphère sud, donc en plein été, la chaleur n'est pas trop dure à digérer ?"Nous sommes habitués car c'est l'été depuis notre départ il y a huit mois et ça devrait continuer car nous allons essayer de remonter au rythme des saisons..."
Vous allez rouler au pays des gauchos, pas trop envie de troquer le vélo contre un cheval ?"On a déjà du mal avec l'entretien d'un vélo... alors un cheval ! Mais si par malheur, nos montures venaient a nouveau à disparaître, pourquoi pas devenir gauchos !"
Propos recueillis le 9 janvier 2006.
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